En 1914, le califat est devenu un enjeu majeur de la Première Guerre mondiale. Après l’entrée en guerre de l’Empire ottoman aux c6tés de l’Allemagne, le général Lyautey ne se contentait pas d’inciter les chefs maraboutiques publier des proclamations de loyalisme. II proposa la création d’un « califat occidental » å la tête duquel il voulait placer le sultan chérifien, son « protégé ». La Commission interministérielle des Affaires musulmanes donna son avis, mais le ministre des Affaires étrangères préféra suivre les Britanniques dans le soutien apporté å l’anti-Calife de La Mecque. Kaddour Benghabrit, qui apporta ce soutien mitigé, ainsi que Lyautey durent réviser en baisse leurs ambitions pour se contenter d’ouvrir Paris ce que Messali-Hadj a appelé une mosquée-réclame ». Mais le projet de califat occidental était régulièrement relancé après la fin de la guerre. L’ancien secrétaire général de la Résidence générale å Rabat publiait des articles savants pour dénoncer les Britanniques qui tentaient de placer un Calife acceptant de garantir leurs intérêts coloniaux. Et le directeur » de la mosquée s’empressait, å chaque fois, d’apporter une caution religieuse au projet de califat occidental actualisé. Eugene Jung réagissait en contestant les fatwas de commande du « directeur » et recommandait de consulter l’Emir Chakib Arslan, dont la légitimité n’était pas contestable. La lecture des textes produits chaque tentative d’utilisation coloniale de l’institution califale permet d’envisager sur la longue durée les actuels « problèmes » de l’islam.
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