Dans le présent ouvrage, Martin Lings se donne comme objectif d’exposer le plus clairement possible la sagesse commune qui réside au cœur des grandes religions. Toutefois, cette sagesse ne subsiste que lorsqu’une religion demeure fidèle à sa propre perspective et ne se laisse pas frelater par les « superstitions modernes ».

Le terme « sagesse » est d’usage courant aujourd’hui, et si l’on parle facilement de « sagesses orientales », désignant par là des enseignements hindouistes ou bouddhistes, il est rare que l’on applique ce vocable aux enseignements de l’islam. Pourtant les références à la sagesse (ḥikma) dans le Coran et le Hadith sont nombreuses et insistent sur son caractère central dans la vie spirituelle du croyant. La recherche de la sagesse et celle de la connaissance sont de véritables devoirs spirituels en Islam car c’est par là que l’homme peut trouver une lumière propre à l’éclairer sur ses interrogations existentielles les plus profondes. L’absence de sagesse et de connaissance du cœur sont les racines de l’appauvrissement spirituel de la religion et de la sclérose dogmatique qui en résulte.

En commençant par souligner le caractère fondamental de la primauté de l’autorité spirituelle et du respect de la hiérarchie dans une société traditionnelle, l’auteur expose ensuite les relations orthodoxes qui doivent unir les fonctions sacerdotale et royale. La nature de ces liens caractérise une société du point de vue du sacré. L’exemple de l’Inde contemporaine mis en parallèle avec la tradition hindoue fait écho à la période médiévale occidentale, au sein de la problématique Auctoritas/Potestas. La remise en question de cet ordre est présentée comme l’entrée dans la phase la plus obscure de « l’âge sombre ». Un exposé incontournable sur les sources de toute organisation humaine orthodoxe.

Le tawhîd – la proclamation de l’Unicité divine, la ferme conviction qu’Allah est le Créateur unique, absolu et transcendant, le Seigneur de toute chose, Celui dont la volonté forme le bien ultime et dont les Commandements font loi – est le premier principe et l’essence de l’islam, le souffle vital de sa civilisation et de sa culture, la quintessence de ses enseignements, le cœur de sa vision du monde. Cette notion primordiale est aussi ce qui donne au musulman son identité distincte parmi les adhérents de toutes les autres religions et idéologies de l’humanité, et ce qui lui indique sa mission fondamentale en cette vie : Le servir, L’adorer et Lui obéir.

L’ouvrage compte en tout dix « discours ». Tout au long des neuf premiers sont exposées, en théorie et en pratique, les composantes essentielles du gouvernement : les sortes de rois (I), la conduite que le souverain doit adopter (II), nature et rôle de la Justice (III), les fonctions respectives des conseillers (IV), des secrétaires (V), des messagers (VI), des gouverneurs (VII) et des chefs de l’armée (VIII), les guerres (IX).

L’aspiration suprême (La Bughya) se présente comme un commentaire de la composition poétique de al-Tijânî ibn Bâba.
L’explication de chaque groupe de versets est très souvent précédée de précisions grammaticales nécessaires, qui s’interposent entre le poème et l’exégèse doctrinale proprement dite. Tout au long du traité, le langage est très soigné et élégant. On y trouve une vision concise et complète de cette Ṭarîqa, en commençant par la vie et les démarches spiri-tuelles de Shaykh Aḥmad al-Tijânî, y compris des détails importants sur son accès aux degrés suprêmes de la sainteté ; certains de ses grands compagnons sont mentionnés par la suite, et pour finir, les règles et pratiques fondamentales sur lesquelles repose son chemin initiatique sont décrites en détail.